Le trio « ouverture/vitesse/sensibilité », bien connu des photographes, trouve un écho particulier dans la photographie de voyage. En effet, la sensibilité aux autres, la vitesse du voyage et l’ouverture d’esprit du photographe vont avoir un impact visuel sur la photographie.
La sensibilité aux autres
Le voyage est une expérience de l’existence menant à l’Etre « Aller pour être. » Voyager n’est pas seulement se déplacer dans l’espace, c’est aussi se déplacer dans l’espace, c’est aussi se déplacer au fond de soi. Montaigne disait que si « l’homme fait le voyage, le voyage fait l’homme » et Céline que le voyage emmène vers « l’autre côté de la vie« , dans le monde intérieur. Il permet à la fois de se découvrir soi-même, de découvrir les autres, et enfin, de découvrir le monde : « Qu’est ce qui me fait courir ainsi d’un bout à l’autre de la terre? Sinon – j’en ai maintenant la certitude – le désir de me découvrir à travers les autres? » (Jacques Lanzmann)
La vitesse du voyage
Il faut prendre son temps en voyage, prendre le temps de voir les choses. Le voyage n’est pas qu’une affaire d’espace, mais aussi de temps : « On ne peut pas se focaliser sur ce qu’on croit être sa « vraie » destination. Le voyage est tout aussi important. Il faut être ouvert à ce que l’on voit en chemin et savoir saisir l’occasion de prendre une photo. » (Steve Mc Curry)
L’ouverture d’esprit
Le voyage permet d’aller à la découverte de l’autre. C’est par la rencontre et la confrontation avec l’autre, et avec l’ailleurs, que le voyageur vit des chocs culturels, émotionnels et cognitifs. Celui qui éprouve l’expérience du voyage, découvre l’altérité, c’est-à-dire la reconnaissance et l’acceptation de l’autre dans sa différence : « Rencontrer nos semblables en ce qu’ils ont de plus dissemblable » (Nicolas Bouvier). Le voyageur apprend à voir autrement, à percevoir autrui dans une perspective différente, à prendre de la distance par rapport à son univers culturel et symbolique d’origine : « J’étudiais la mimique avec attention et surtout les manifestations affectives des gens (…). J’apprenais ainsi en quelque sorte à voir avec d’autres yeux. » (Carl Gustav Jung)